Pourquoi l’assurance emprunteur est-elle incontournable ?
Souscrire un crédit immobilier, c’est souvent l’un des plus grands engagements financiers de notre vie. Que ce soit pour acheter sa résidence principale, investir dans du locatif ou se lancer dans un projet de vie à la campagne, le crédit est un levier puissant… mais aussi un poids si des imprévus surviennent.
Là entre en scène l’assurance emprunteur. Son rôle ? Protéger à la fois l’emprunteur et la banque en cas de soucis qui empêcheraient de rembourser le prêt : maladie, invalidité, accident, voire décès. Elle agit comme un filet de sécurité. Sans elle, un grain de sable peut vite enrayer toute la machine financière d’un ménage.
Et pourtant, nombreux sont ceux qui la souscrivent sans vraiment la comprendre… Alors, si vous préparez un achat immobilier ou que vous repensez votre assurance actuelle — restez bien attentifs à ce qui suit.
Les garanties de base : les piliers de votre couverture
Toutes les assurances emprunteur ne se valent pas. Loin de là. Mais il existe un socle commun, celui des fameuses garanties de base. Ce sont elles qui déterminent la solidité de votre couverture.
- Garantie décès (DC) : En cas de décès de l’emprunteur, l’assurance prend en charge le remboursement du capital restant dû. Une bouffée d’air inestimable pour les proches.
- Garantie Perte Totale et Irréversible d’Autonomie (PTIA) : Elle intervient lorsqu’une personne ne peut plus exercer aucune activité rémunératrice et a besoin d’une assistance quotidienne. L’assurance peut alors prendre en charge le remboursement du prêt.
- Garantie Invalidité Permanente Totale (IPT) : Si l’on devient invalide à plus de 66 %, cette garantie couvre les échéances de prêt — parfois jusqu’au restant du crédit, selon les contrats.
- Garantie Invalidité Permanente Partielle (IPP) : Moins répandue mais précieuse, elle couvre les cas d’invalidité entre 33 % et 66 %.
- Garantie Incapacité Temporaire de Travail (ITT) : Vous êtes en arrêt de travail prolongé ? Cette garantie prend le relais sur vos échéances mensuelles après un délai de carence.
Ce bouquet de garanties peut sembler compliqué… mais pensez-le comme une ceinture de sécurité à plusieurs verrouillages. Chaque garantie protège une zone de vulnérabilité différente.
Des exemples concrets pour mieux visualiser
Imaginons Marc, 42 ans, chef de projet en CDI, qui souscrit un prêt de 240 000 € sur 20 ans pour acheter une maison avec sa compagne. Quelques années plus tard, un accident de ski l’oblige à arrêter de travailler pendant 9 mois. Résultat : la garantie ITT entre en jeu. L’assurance continue à payer ses mensualités pendant son arrêt. Il évite un défaut de paiement, un fichage à la Banque de France, et garde sa maison.
Ou encore Sophie, 35 ans, célibataire et freelance. Elle ne pense pas avoir besoin de toutes ces garanties – jusqu’à ce qu’un grave souci de santé la rende inapte au travail pendant un an. N’ayant pas souscrit l’IPP, elle doit puiser dans son épargne et vendre son véhicule pour assurer ses échéances.
Ces situations réelles démontrent que l’on ne choisit pas une assurance emprunteur “au hasard”. Elle doit épouser nos besoins, notre situation professionnelle, notre âge et notre mode de vie.
Option délégation d’assurance : pourquoi ne pas rester chez la banque ?
La banque vous propose généralement son assurance « maison » lors de la souscription du crédit. Mais ce n’est pas une obligation ! Depuis la loi Lagarde (2010), puis renforcée par la loi Hamon (2014) et l’amendement Bourquin (2018), vous pouvez choisir une assurance externe, appelée délégation d’assurance.
Et cela peut faire toute la différence :
- Des tarifs plus compétitifs : Pour des profils jeunes et en bonne santé, les économies peuvent aller jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’euros sur la durée du prêt !
- Des garanties personnalisées : Vous êtes indépendant ? Vous avez des antécédents médicaux ? Les contrats individuels peuvent s’ajuster au millimètre près.
- Souplesse du contrat : Certaines assurances vous donnent la liberté de changer plus facilement vos garanties ou d’ajuster les quotités (on y revient juste après).
Mais attention, le contrat externe doit proposer des garanties équivalentes à celles exigées par votre banque. C’est ce qu’on appelle « l’équivalence de garanties ». Et c’est là que le diable se cache dans les détails…
La fameuse quotité : que couvre exactement votre assurance ?
La quotité, c’est la part du prêt couverte par un assuré. Si vous empruntez seul, souvent la quotité est de 100 % : l’assureur couvre l’intégralité du prêt. Mais si vous êtes deux, vous pouvez répartir la quotité comme un gâteau :
- 50/50 : chacun est couvert à hauteur de la moitié.
- 100/100 : chaque emprunteur est couvert pour 100 % du prêt. Plus sécurisant, mais aussi plus coûteux.
- 70/30, 60/40, etc. : selon vos revenus ou situations professionnelles.
Le bon choix ? Celui qui assure une couverture suffisante sans exploser votre budget. Par exemple, dans un couple où l’un des deux assure 80 % des revenus, il serait cohérent de lui attribuer une quotité plus élevée.
Coût et tarification : un aspect à ne pas négliger
L’assurance emprunteur représente en moyenne 15 % à 25 % du coût total du crédit. Autant dire que l’impact sur votre budget est bien réel. Les tarifs varient selon plusieurs critères :
- L’âge : plus vous êtes jeune, plus c’est abordable.
- L’état de santé : des questionnaires médicaux peuvent faire varier la prime, voire déboucher sur des exclusions.
- Le fumeur ou non : ici les assureurs ne plaisantent pas : la facture peut doubler !
- Le métier et les loisirs : les professions à risque ou activités sportives extrêmes peuvent entraîner des surprimes.
Un bon réflexe : utiliser un comparateur ou passer par un courtier en assurance emprunteur. Il saura flairer les bons contrats adaptés à votre profil.
Et la loi Lemoine dans tout ça ? Un changement majeur !
Entrée en vigueur en 2022, la loi Lemoine a redessiné le paysage de l’assurance emprunteur. Son objectif ? Rendre ce marché plus transparent, plus équitable, et plus dynamique.
Voici les principales évolutions :
- Résiliation à tout moment : Vous pouvez désormais changer d’assurance emprunteur à tout moment, sans devoir attendre l’anniversaire du contrat.
- Fin du questionnaire de santé : Pour les prêts immobiliers de moins de 200 000 € remboursés avant 60 ans, plus besoin de questionnaire médical. Une avancée majeure pour les ex-malades et les profils atypiques.
- Renforcement de l’information : Les assureurs doivent jouer cartes sur table, notamment sur le coût total de l’assurance.
Autrement dit, le pouvoir est entre vos mains. À vous d’en user…
Assurance emprunteur et fiscalité : ce qu’il faut savoir
Peu le savent, mais dans le cadre d’un achat locatif, l’assurance emprunteur est déductible des revenus fonciers. Autrement dit, si vous louez un bien financé par un crédit, cette dépense vient alléger votre facture fiscale.
Pour les indépendants aussi, certaines structures juridiques permettent une imputation sur les charges. Autant d’opportunités qu’il serait dommage de laisser de côté sans en discuter avec un conseiller en gestion de patrimoine.
Pas de pilote sans parachute
On ne pilote pas un avion sans prévoir un parachute en cas de turbulence. Il en va de même avec un crédit immobilier. Une assurance bien choisie, adaptée à votre situation et à votre projet, c’est le bouclier invisible qui protège votre patrimoine contre les aléas de la vie.
Alors, au moment de signer, ne négligez pas les petites lignes, les délais de carence, les exclusions contractuelles. Posez des questions. Comparez. N’hésitez pas à renégocier ou à changer d’assurance si de meilleures options s’offrent à vous.
Rappelez-vous : votre crédit finance votre avenir. Mais votre assurance emprunteur le préserve.
Et comme toujours chez Conseil-Épargne, notre but reste le même : vous aider à faire des choix éclairés, réalistes et durables pour votre santé financière. Prenez soin de vos finances, elles prendront soin de vous.